Silence et citoyenneté

LA PSYCHOLOGIE AU PIED DU MUR

L’objectif des publications de «La psychologie au pied du mur» qui n’engagent que leurs auteurs  est de susciter une réflexion à la lumière de l’aspiration qui nous est commune ( Voir Page d’accueil ).

CITATIONS

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Des pensées qui peuvent surgir nous…

Puisse cet article contribuer au changement radical d’état de conscience et de mentalité que le monde attend.
« Chacun, selon sa force et sa qualité d’âme, ses capacités et ses dons, a son rôle à jouer. »
Source : La Véritable Démocratie

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Source de l’image :  Sénèque, Wikipédia

Les silences de Sénèque
Alexandre Vincent

« Puisque le sage ne peut faire taire le brouhaha qui l’entoure, la seule solution est donc de l’endurer et de mener sa propre quête du silence des passions au sein de ce tumulte. C’est l’exemple que Sénèque souhaite donner à travers sa lettre 56 : « Que je meure si le silence est aussi nécessaire qu’il le paraît au recueillement et à l’étude ». La ville, avec ses perturbations sonores irrépressibles, devient ainsi paradoxalement un des endroits les plus propices à la pratique de la philosophie car elle est le lieu où la volonté du sage devra se développer avec le plus de force. En bonne logique stoïcienne toutefois, il ne s’agira pas de chercher volontairement cette difficulté : Sénèque lui-même avoue que philosopher dans des conditions acoustiques extrêmes relève de l’exercice, mais qu’il convient de privilégier un cadre plus apaisé.

Impassible au tumulte extérieur, le sage doit enfin refléter par son attitude le silence qui l’habite. Le silentium est par conséquent l’une des attitudes que l’on peut attendre de la part d’un bon citoyen, sous-entendu rompu à la philosophie, tel celui qui sait retenir sa parole dans un procès afin de ne pas conduire un ami à la perte : « “Je me suis battu pour toi et j’ai reçu des blessures” ; et moi je t’ai sauvé la vie par mon silence ». À l’inverse, les paroles prononcées sous le coup de la colère peuvent susciter des remords et conduire à regretter que le silence n’ait pas été observé, comme le démontre la mise en scène de la réaction du premier Princeps à l’adultère de Julie : « Ces crimes qui exigeaient le silence du prince autant que ses sanctions (car il est de certaines hontes qui rejaillissent jusqu’à celui qui les châtie), trop peu maître de son courroux, il les avait rendus publics. Puis comme au bout de quelques jours la colère avait fait place à la honte, il gémissait de n’avoir pas su taire et refouler en lui ce qu’il avait ignoré jusqu’au moment où parler entraînait le déshonneur… ». La maîtrise de soi qui conduit au silence évite les effets induits de ces réactions « naturelles », c’est-à-dire non contrôlées par la philosophie, dont certains peuvent être dramatiques : « Il en est qu’un mot outrageant mal supporté a jetés en exil, et ceux qui n’avaient pas voulu subir en silence une offense légère ont été accablés des malheurs les plus graves, et pour s’être indignés qu’on retranchât quelque chose de leur pleine et entière liberté, ils ont attiré sur eux le joug de l’esclavage57 ». L’exercice est toutefois difficile car le silence ouvre la porte à l’interprétation des signaux du corps, dont l’ambiguïté est certaine et peut avoir des conséquences désastreuses. Ainsi « d’immenses bienfaits ont parfois été gâtés par le silence qui les accompagnait ou par des mots trop lents à sortir et qui donnaient l’impression d’une humeur ennuyée et maussade, parce que l’on promettait de l’air dont on refuse ».

Contrainte et maîtrise de soi, le silence peut toutefois, s’il est utilisé à bon escient par un citoyen philosophe, devenir une forme de langage alternatif au mode de communication verbal. Parlant en connaissance de cause de l’attitude à adopter en cas de mise à l’écart de la vie publique dans son traité sur la tranquillité de l’âme, rédigé pour lessentiel suite à son exil corse, Sénèque mentionne le silence comme une manière de rester présent et actif : « … si la fortune t’écarte des premiers rangs de la république, tiens bon et aide les autres de tes cris ; si on te comprime la gorge, tiens bon encore, et aide-les par ton silence. Jamais un bon citoyen ne perd sa peine : on l’entend et on le voit. Sa physionomie, ses gestes, sa muette opiniâtreté, sa façon de marcher, tout sert ». Ainsi le silence que l’on s’impose, intérieur, permet-il de rendre supportable un silence arbitrairement imposé, que le sage trouvera alors le moyen de transformer en mode d’expression. »

  • Source : Alexandre Vincent, « Les silences de Sénèque », Pallas [En ligne], 98 | 2015, mis en ligne le 14 mars 2016, consulté le 13 novembre 2017. URL : http://pallas.revues.org/2709 ; DOI : 10.4000/pallas.2709
    P. 140-141.

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