ECKHART TOLLE Préface du livre :

L’art d’être un parent présent

de Susan Stiffelman
Traduction de Frédérick Letia

Pour pouvoir conduire une automobile, vous devez passer des examens pratiques et théoriques de façon à ne pas constituer un danger pour vous-même et pour autrui. Pour la plupart des emplois, à l’exception des plus rudimentaires, certaines qualifications sont requises alors que les postes les plus complexes nécessitent des années de formation. Cependant, aucune formation ou qualification particulière n’est requise pour exercer une des occupations les plus éprouvantes et essentielles – l’art d’être parent.

    Selon l’auteur Alvin Toffler, «la condition parentale demeure sans contredit la chasse gardée des amateurs». Ce manque de connaissance ou de formation est l’une des raisons (bien qu’elle ne soit pas la principale, comme nous le verrons) pour lesquelles tant de parents doivent lutter jour après jour. Cela ne signifie pas pour autant que ces parents n’arrivent pas à répondre aux besoins matériels ou physiques de leur progéniture. En fait, en règle générale ils aiment profondément leurs enfants et veulent leur offrir ce qu’il y a de mieux pour eux. Pourtant, ils sont totalement démunis lorsqu’il s’agit de relever les défis que ceux-ci leur posent sur une base quasi quotidienne, et ils ne savent pas non plus comment répondre de façon appropriée aux besoins croissants de leurs enfants sur les plans émotionnel, psychologique et spirituel.

    Alors que par le passé l’éducation parentale était excessivement autoritaire, dans nos sociétés contemporaines de nombreux parents ne parviennent pas à fixer l’orientation claire que l’enfant attend et dont il a désespérément besoin. Dans l’environnement familial actuel, il y a souvent un manque absolu de structure qui évoque l’image d’un bateau sans gouvernail, abandonné par son capitaine et dérivant sur l’océan. Les parents ne se rendent pas compte que leurs enfants s’attendent à ce qu’ils assument pleinement leur rôle de «capitaine du bateau», comme Susan Stiffelman l’a si bien exprimé, un terme qui ne signifie nullement un retour au mode d’éducątion autoritaire des temps passés. Il s’agit plutôt de trouver un juste équilibre, une voie médiane entre l’excès de structure et l’absence de toute structure.

    Ultimement, la cause majeure d’un tel dysfonctionnement familial ne réside pas dans le manque de connaissance ou de formation des parents, mais dans leur manque de conscience. Sans un parent conscient, il ne peut y avoir d’éducation parentale consciente! Un parent conscient est capable de maintenir un certain niveau de conscience dans la vie quotidienne, et ce, bien que certains écarts se produisent de temps à autre pour la plupart des gens. Lorsqu’il n’ya pas de conscience (vous pouvez aussi employer les termes pleine conscience ou présence), les liens que vous établissez avec votre enfant, ainsi qu’avec ceux qui partagent votre environnement, sont le produit du conditionnement de votre esprit. Vous êtes alors sous l’emprise de schémas mentaux et émotionnels réactifs, de croyances et d’hypothèses inconscientes qui vous ont été léguées par vos parents et qui résultent aussi de la culture ambiante au sein de laquelle vous avez grandi.

    La plupart de ces schémas remontent aux innombrables générations qui vous ont précédé dans le passé. Cependant, lorsqu’il y a conscience – ou présence, comme je préfère la nommer -, vous pouvez prendre conscience de vos propres schémas mentaux, émotionnels et comportementaux. Si tel est le cas, vous pouvez alors commencer à vous interroger sur la meilleure façon de répondre à vos enfants, plutôt que de réagir aveuglément en répétant d’anciens schémas. Plus important encore, en agissant ainsi vous éviterez de transmettre ces schémas à vos enfants.

    Sans présence, vous ne pourrez établir de liens avec votre enfant qu’à travers l’esprit et les émotions, et non pas en recourant au niveau plus profond de l’Être. Même si vous faites tout ce que vous devez faire, il manquera un élément important dans la relation que vous entretiendrez avec votre enfant : la dimension de l’Être, qui recouvre le domaine spirituel. Cela signifiera que le lien le plus profond est tout simplement inexistant.

    Intuitivement, l’enfant ressentira qu’une dimension vitale manque dans sa relation avec vous, que vous n’êtes jamais totalement présent, jamais vraiment là et que vous êtes toujours absorbé par votre esprit. Inconsciemment, l’enfant supposera ou plutôt ressentira que vous occultez ou lui cachez quelque chose d’important. Fréquemment, une telle attitude suscitera chez l’enfant une colère inconsciente ou un ressentiment qui se manifesteront de diverses manières ou demeureront latents jusqu’à l’adolescence.

    Bien que cette aliénation entre le parent et l’enfant soit encore la norme, il semblerait que cette situation soit en train d’évoluer. En effet, un nombre croissant de parents sont de plus en plus conscients de ces enjeux et peuvent ainsi transcender leurs schémas mentaux conditionnés pour établir des liens véritables avec leurs enfants, et ce, sur le plan plus profond de l’Être.

    En conséquence, les raisons permettant d’expliquer une éducation parentale dysfonctionnelle ou inconsciente sont d’une double nature. D’une part, il y a un manque de connaissance évident ou de formation en ce qui a trait à l’éducation des enfants qui exige de trouver un juste équilibre entre l’approche ancienne et excessivement autoritaire et l’approche contemporaine, tout aussi déséquilibrée. D’autre part, sur un plan plus fondamental il y a un manque de présence et une absence de conscience de la part des parents.

    Alors que de nombreux ouvrages fournissent une foule de conseils pratiques aux parents qui les lisent, à ce jour peu de livres soulèvent la problématique du manque de conscience des parents et offrent une orientation circonstanciée leur permettant d’utiliser les défis quotidiens de l’éducation parentale comme moyen privilégié de croître sur le plan de la conscience. Le livre de Susan Stiffelman apporte des solutions concrètes à ces deux aspects, que nous pour- rions appeler le Faire et l’Être. Elle nous offre des connaissances et des conseils pratiques et judicieux sur le Faire (ou sur l’action juste, pour reprendre un terme bouddhiste), sans pour autant négliger l’aspect plus fondamental de l’Être.

    L’art d’être un parent présent explique aux parents comment ils peuvent transformer l’éducation de leurs enfants en une pratique spirituelle. Cet ouvrage permettra aussi aux parents de changer leurs habitudes en acceptant de se reconnaître dans le miroir que leurs enfants leur tendent, prenant ainsi conscience de leurs propres schémas inconscients. En étant conscients de ces schémas, ils pourront alors se persuader de les transcender.

    Voici ce que l’auteur Peter De Vries a écrit : «Qui parmi nous est assez mûr pour accueillir des enfants avant que ces enfants eux-mêmes n’arrivent? La valeur du mariage ne réside pas dans la proposition que les adultes engendrent des enfants, mais dans le fait que les enfants engendrent des adultes. » Peu importe que nous soyons mariés ou que nous élevions seuls nos enfants, ces derniers nous aideront certainement à devenir des humains plus mûrs et plus accomplis. Certes, les enfants engendrent des adultes mais, plus important encore, le livre unique de Susan Stiffelman nous révèle comment des enfants peuvent engendrer des adultes conscients.

Eckhart Tolle,
auteur des ouvrages Le pouvoir du moment présent et Nouvelle Terre

SI CE TEXTE VOUS A PARLÉ

  • Vous apprécierez cet « outil précieux qui aide les enfants à grandir et à construire leur individualité de façon équilibrée » en les éveillant au Soi
  • vous apprécierez de pouvoir vous aider vous aussi à transformer l’éducation des « enfants en une pratique spirituelle ».

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